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Au travers de cet article, nos experts énergétiques Antony Uhlmann – Ingénieur avant-vente Smart-Building et Marine Lavogez – Responsable des offres Performance Energétique et Carbone décrypteront comment il est possible pour une entreprise d’intégrer sereinement un plan de sobriété dans sa stratégie globale.

Définir la sobriété énergétique

Avant même de penser à l’intégrer dans sa stratégie d’entreprise, il est important de comprendre l’essence même du concept de sobriété énergétique.

Ce concept se définit par l’action de réduire ses consommations d’énergie par des changements comportementaux, de mode de vie et d’organisation collective.

Un plan de sobriété énergétique est donc un levier essentiel dans la réduction des émissions de gaz à effet de serre, qu’il soit porté à l’échelle de l’individu ou d’un collectif plus large. Celui-ci ne se résume donc pas uniquement aux actions individuelles, mais repose aussi sur l’adoption collective afin de démultiplier sa portée.

En effet, la sobriété énergétique collective se doit de devenir un pilier des futures stratégies industrielles mais aussi des politiques publiques territoriales et nationales ! On peut ici citer en référence le scénario négawatt 2022 qui reprend en détail les grandes lignes et l’importance de la sobriété énergétique appliquée à la politique énergétique française nécessaire pour respecter les ambitions de neutralité carbone de l’état.

« Reprogrammer » la volonté collective, un grand challenge

Le concept de sobriété énergétique fait appel aux notions de frugalité, de simplicité ou encore de « bon sens ». Il cherche à engager des transformations mineures comme fondamentales à l’échelle de l’individu ou des organisations.

Contraire aux besoins humains fondamentaux, pour lequel la croissance et le « toujours mieux, toujours plus » semble vital, la sobriété vise à composer une société basée sur la décroissance, qui tend à « faire mieux avec moins ».

Définir une trajectoire de sobriété pour les entreprises

Comme beaucoup de projets complexes, un plan de sobriété énergétique pour une entreprise nécessite temps et ressources pour la construction et sa mise en place, il est donc primordial d’y aller progressivement. Helexia préconise donc une trajectoire sur le long terme en 6 étapes.

La progressivité est le mot d’ordre de tout changement. En effet, l’Homme opposera forcément une certaine résistance à ce changement. Y aller progressivement permettra donc un accompagnement plus serein.

Les 5 challenges de votre plan de sobriété énergétique en entreprise

Pour être plus sobre en entreprise, cinq grands challenges se présenteront : 

  • L’arrêt des consommations superflues
  • L’optimisation des équipements
  • Les changements fonctionnels
  • Les changements organisationnels
  • Les changements individuels

Préalable : définir son niveau d’engagement et le formaliser

L’efficacité énergétique en entreprise repose très majoritairement sur la volonté des services techniques souhaitant rendre les équipements de l’entreprise performants, mais sans réellement construire un plan cohérent permettant de formaliser les engagements réels de celle-ci.

Réflexions, pistes et moyens à améliorer en vue d’un plan de sobriété énergétique

Afin d’alimenter ces pistes, il convient de se pencher plus amplement sur les 5 grands challenges de la mise en place d’un plan de sobriété énergétique en entreprise.

Phase 1 : Stopper les dérives énergétiques

La première étape consiste à stopper l’hémorragie. Pour cela, il faut partir de l’existant et ce qui est de « bon sens ». Il convient alors de frapper fort et vite et cibler des actions avec un taux de retour sur investissement rapide.

Ce travail de chasse à la dérive doit se focaliser sur l’ensemble des « usages énergétiques classiques » au sein de toute organisation (collectivité, industrie, tertiaire etc.) : les consommations liées à l’éclairage, l’air comprimé, le chauffage mais également pour l’industrie toutes les consommations issues des process hors occupation et hors activité.

Important de noter : ADEME ou ATEE proposent des méthodologies pour mettre en place ces pratiques et il est possible de bénéficier de subventions auprès de l’ADEME ou encore du Fonds chaleur.

Comment s’organiser ?

  • Dresser une checklist
  • Effectuer une visite pour relever les anomalies
  • Faire des tournées sur les périodes de « transition d’occupation »
  • Mettre en place les actions correctives le plus rapidement possible 

Cette étape peut être débutée en autonomie (complète ou partielle). En effet, selon les structures, les services techniques (maintenance ou encore moyens généraux) peuvent la mener de front. Si l’entreprise ne bénéficie pas des ressources humaines en interne, c’est une mission qui peut faire l’objet d’un stage ou d’une alternance.

En effet, c’est une mission très valorisante qui apportera beaucoup de bénéfices et de matière à l’entreprise pour la suite dans sa démarche de plan de sobriété.

Phase 2 : Stopper les dérives énergétiques indécelables

Une fois les dérives énergétiques les plus évidentes éradiquées, il faut aller plus loin. Pour cela, il devient nécessaire de s’adresser à un spécialiste. Pour cela, deux approches sont envisageables.

La première consiste à mettre en place un Système de Management de l’Énergie (SMÉ, SMEn ou EMS) ou d’un outil de performance énergétique (logiciel).

La seconde est la visite technique avec une instrumentalisation temporaire, l’audit énergétique.

Fondamentalement différentes dans leur forme, ces deux démarches ont le même objectif : définir une situation initiale ou situation de référence et indiquer vers quoi l’on se dirige. L’une comme l’autre permettent d’identifier les dérives dites « quickwins » et ainsi de mettre en œuvre les actions et les pérenniser.

Mais comment cela se passe en vrai ?

Tout part de la collecte des données. Elle permet de mettre en place et construire une situation énergétique de référence qui servira de point d’entrée à la partie plan d’actions techniques et au suivi énergétique digital (suivi et gestion des dérives en temps réel). La finalité étant la même : la mise en œuvre des actions correctives détectées au préalable.

Il est très important d’insister sur la pérennisation des actions prévues. Cela permet à l’entreprise de créer une nouvelle situation initiale et ainsi s’inscrire dans un schéma d’amélioration continue de sa performance énergétique.

Phase 3 : Optimiser les systèmes de l’entreprise

Lors de cette étape, on parle de concevoir le système, ce qui signifie amorcer le changement tout en gardant à l’esprit la trajectoire de sobriété en rationnalisant les investissements au maximum.

Dans un premier temps, il convient d’entretenir au maximum ce système (l’entreprise, l’industrie, les bâtiments, les machines, les process etc.) en appliquant toutes les gammes de maintenance qui sont nécessaires pour conserver et éventuellement accroître la fiabilité des équipements.

Parfois, la maintenance ne suffit plus et le remplacement devient nécessaire (même si dans l’objectif d’un plan de sobriété, ceci n’est pas souhaitable).

En marge de l’action d’efficacité sur l’équipement en tant que tel, sa régulation et la bonne programmation des équipements (sous-comptage, GTB etc.) est important et participe à la création d’un écosystème plus efficace.

Phase 4 : Repenser l’activité

Une fois ces étapes passées, il faut tenter de sortir des critères purs de l’ingénierie et s’orienter vers des indicateurs fonctionnels, qui sont souvent négligés. Il est donc important de dédier du temps à cette thématique parfois trop négligée lors des audits.

Ils permettent de comprendre et formaliser les différents espaces qui composent une entreprise. Ce sont les groupes de systèmes mettant en évidence les différents fonctionnements et flux de l’entreprise sur sa thématique énergétique.

Repenser son activité apporte des nouvelles questions telle que la rationalisation des espaces et la reconfiguration partielle ou totale de l’espace ou des flux.

Comment s’y prendre ?

  • Définir les espaces
  • Caractériser les activités : la temporalité (occupation), la surface, les usages énergétiques, la configuration et son équipement
  • Obtenir une cartographie fonctionnelle

A l’échelle des flux, les démarches bilan carbone et gaz à effet de serre permettent d’aller plus loin.

Revoir l’ensemble de l’écosystème de l’entreprise

Au-delà des bâtiments, il est important d’avoir une réflexion globale c’est-à-dire au niveau de l’organisation au complet. En effet, nous constatons de plus en plus un réajustement des raisons d’être de certaines entreprises et donc de leurs moyens de faire face au contexte énergétique actuel.

4 grands facteurs vont avoir des impacts sur le système :

  • Le changement climatique

On parle ici de mettre en place une étude d’impact (notamment au niveau de la hausse de température, du niveau de l’eau) ou encore une réflexion sur les risques et opportunités du climat sur l’activité de l’entreprise.

  • L’approvisionnement énergétique et matières premières

C’est une problématique qui permet de développer de nouvelles méthodes de production pour l’avenir. Aujourd‘hui beaucoup d’industriels sont dépendants des énergies de réseaux. Au travers de nos plans de sobriété, nous préconisons la réalisation d’une étude de potentiels à l’échelle de tout l’écosystème qui définit l’ensemble des systèmes de production locale d’énergie qu’il est possible de mettre en place.

Par exemple l’un des plus gros gisements pour les industries à ce jour est le parking employés : des ombrières photovoltaïques peuvent être installées et permettent d’autoconsommer une partie de l’énergie produite pour réduire ses consommations sur le lieu et sécuriser son approvisionnement.

  • Les changements sociétaux

Les nouveaux modes de consommation et les prises de conscience écologiques sont certes plus lointains que le changement climatique et les questions d’approvisionnement mais viennent néanmoins impacter tout le système.

  • L’innovation

La rapidité de l’innovation est une réelle opportunité pour les entreprises à mettre en place la R&D, de veille ou de partenariat avec les écoles pour s’assurer d’être à jour avec le marché.

Changer notre confort

Enfin, au cœur du changement individuel, il faut repenser notre confort. Cependant cela va au-delà de l’entreprise car l’Homme n’est pas programmé pour être sobre.

L’entreprise est soumise à ce type de changement et ne peut pas fondamentalement changer les choses mais peut y participer. Exemple : ne plus mettre d’eau chaude dans les sanitaires.

Elle peut tout de même se pencher sur 4 axes :

  • L’information : à son échelle, elle peut se rendre capable de relayer des informations concernant les différents sujets attenant à la sobriété énergétique. A l’échelle individuelle, l’employé songera ainsi à faire attention à sa consommation énergétique sur son lieu de travail, voire au sein de son domicile, par exemple simplement en réglant  la réduction de la température de chauffage de son lieu de travail d’un ou deux degrés.
  • Les démarches participatives : elles suscitent l’engagement et donc une meilleure acceptation de certaines « privations ». On pense notamment aux Fresques du Climat ou des démarches écocitoyennes comme les marches zéro déchet.
  • Les différentes politiques de soutien : la veille sur ces différentes politiques permet de faire avancer la sobriété énergétique au sein des entreprises.
  • Le déploiement à tous les niveaux de l’entreprise : l’égalité entre tous les acteurs du système au sein du projet permet une meilleure adhésion.

Amorçons le virage de la sobriété énergétique choisie avant que celle-ci ne devienne subie

plan sobriete entreprise antony uhlmann

Antony Uhlmann
Ingénieur Avant-Vente
Smart Building

plan sobriete entreprise marine lavogez

Marine Lavogez
Chargée d’Appel d’Offres
Performance Énergétique et Carbone

Mardi 16 Mai 2023

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